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AU COEUR DU DOMAINE DESBASSAYNS (1/3). Le personnage de Mme Desbassayns est presque toujours associé à l’esclavage. Beaucoup en ont même fait le symbole. Outre les légendes, ce n’est qu’à Villèle, près de son ancienne demeure, qu’on trouve réunis sur un si petit espace autant de traces du passé esclavagiste de l’île. Pourtant, son domaine de Saint-Gilles est loin d’être le seul, dans les hauts de Saint-Paul, à avoir connu la prospérité bâtie sur l’exploitation d’une main d’œuvre servile. Les premiers colons ont été, en effet, très nombreux à exploiter les bonnes aptitudes agricoles de cette zone de plateaux étagés et disséqués par des ravines, le long desquelles leurs concessions s’étiraient souvent jusqu’au sommet des montagnes. L’originalité de Villèle se comprend mieux en comparant son histoire à celle des deux domaines voisins : l’Éperon et Vue-Belle.

À l’origine du domaine de l’Éperon on trouve la famille Auber, attributaire en 1704 d’une concession située sur la rive droite de la ravine Saint-Gilles et qui s’étendait jusqu’au sommet des montagnes (Fleurimont)” . Cette propriété fut agrandie par achats successifs des terrains voisins mais surtout par alliances (mariages) avec les familles Gruchet, Carron, Maunier, etc. C’est ainsi qu’elle passa aux mains des Fabert, puis, au milieu du XIXe siècle, à celles des Boisselet. Ces derniers, qui résidaient en France, avaient pris pour régisseur de leur domaine de Saint-Gilles le Dr Quentin Gayet. Celui-ci finit par en faire l’acquisition le 29 mai 1858.

L’Éperon : de constantes difficultés

L’usine sucrière fut créée seulement en 1861, par Médéric Longuet à qui Quentin Gayet avait accepté de revendre l’ensemble de la propriété. Le nouvel établissement prend le nom de l’Éperon, qu’il doit à sa situation au bord de la ravine Saint-Gilles, dont la rive gauche présente à cet endroit une avancée en forme de pointe (éperon rocheux). C’est probablement cette usine qui donne naissance au village qui porte son nom, avec des logements de types différents pour les cadres, employés, ouvriers (regroupés à proximité de l’usine), travailleurs saisonniers et journaliers agricoles (paillotes dispersées à la périphérie). Un village sucrier, un peu comme celui de Savanna, mais de taille plus réduite. Une partie de la main-d’oeuvre engagée réside alors dans la localité voisine de Saint-Gilles-les-Hauts dont un lieu-dit a gardé le nom de Tamatave. Mais la crise sucrière et la mauvaise gestion de Médéric Longuet ne permettent pas à celui-ci de rembourser ses dettes. L’établissement est mis sous séquestre judiciaire en 1868 puis racheté en 1885 par une société anonyme, fondée par plusieurs propriétaires de la région et dénommée Union des planteurs. Moins de deux ans plus tard, les petits planteurs sont évincés par les gros actionnaires, la société dissoute et l’établissement racheté conjointement, en 1898, par les trois frères Joseph, Villefeu et Léonce Martin. En 1920, profitant de la fermeture de l’usine de Villèle située sur l’autre rive de la ravine Saint-Gilles, l’Éperon se constitue en Société agricole et industrielle et rachète les habitations de la Renaissance (à Fleurimont), du Bernica et de Grand-Fond (dans les bas de Saint-Gilles). En 1931, l’établissement de l’Éperon est réuni à celui de Savanna, mais continue d’enregistrer des pertes importantes provoquées par la sécheresse, les maladies de la canne et la concurrence de Vue-Belle. Gravement endommagé par le cyclone de 1932, sa fermeture est décidée en 1935. Le 18 décembre 1948, le domaine devient la propriété des Sucreries de Bourbon. La fermeture précoce de l’établissement, l’aggravation de la sécheresse et la poussée de l’urbanisation dans la zone expliquent en grande partie le recul de l’agriculture et le démantèlement rapide de la partie basse du domaine de l’Éperon. Dans les années 1980 et 1990, l’ancienne usine a abrité une discothèque. Depuis 1999, un village artisanal s’est développé près de ses locaux désaffectés.

Vue-Belle : entre des mains étrangères

À la différence de l’Éperon, ce n’est pas une famille mais une société qui est à l’origine de la fondation du domaine de Vue-Belle et de son usine sucrière. Cette société, dénommée Fitau-Caillot-Laffon, est créée en 1825 par deux propriétaires (François Fitau et Guillaume Caillot) et un notaire (Jean-Baptiste Laffon). Pour étendre ses terres, elle procède à plusieurs acquisitions foncières : les terrains Bédier (1825), Lebreton et Dennemond (1826), Crescence de Félicité (1829), K/Anval (1840), Jacob et Masselin (1841) et Barrois-Fonville (1849). L’usine de Vue-Belle a donc probablement été construite vers 1827-1830 mais, contrairement à ce qui s’est passé à l’Éperon, ce n’est pas elle qui a donné naissance au village de la Saline. Cette localité est née, non pas sur le domaine de Vue-Belle mais au bord de la seule voie de liaison entre le chef-lieu Saint-Denis et le sud de l’île, qui passe alors par les hauts, à partir de Saint-Paul, pour contourner le cap la Houssaye, infranchissable, et rejoint le littoral un peu avant Saint-Leu. Près du carrefour que forme cette route très fréquentée avec celle de Trois-Bassins, se tient un relais de poste pour les calèches et les diligences. La célèbre poétesse et musicienne Célimène (20 avril 1807-1864) accueille les voyageurs dans son auberge pendant que le maréchal-ferrant, son époux, s’occupe des chevaux. Célimène est la fille d’une esclave affranchie. Cette ancienne fonction de relais de poste explique pourquoi l’agglomération de la Saline est la seule, dans les hauts de Saint-Paul, à avoir eu très tôt un centre présentant certaines caractéristiques urbaines : des constructions contiguës, des trottoirs et même des restaurants. En 1844, la société Fitau-Caillot-Laffon prend le nom de Fitau-Schneider. En 1865 le domaine sucrier de Vue Belle appartient à Joseph Lelièvre, l’époux de Virginie Fitau, mais dès 1872, il passe aux mains du Crédit foncier colonial. Joseph Lelièvre s’est en effet trouvé dans l’impossibilité de rembourser l’emprunt contracté auprès de cet organisme bancaire métropolitain. Celui-ci, à la suite de nombreuses autres opérations identiques, était devenu une véritable société agricole, commerciale et industrielle qui changea plusieurs fois de nom : Sucreries coloniales, puis Sucreries d’outre-mer et enfin Compagnie française de sucrerie. La CFS ayant décidé de se retirer de la Réunion, elle vend, le 13 avril 1970, Vue-Belle à la société anonyme des Sucreries de Bourbon, constituée en décembre 1948 par la fusion de plusieurs autres exploitations sucrières, dont celles de l’Éperon et de Savanna. 1970, c’est également la date de fermeture de l’usine de Vue-Belle, devenue insuffisamment rentable, au profit de celle de Savanna. Dans les années 1990, les anciens locaux de l’établissement accueillent une distillerie spécialisée dans la fabrication d’une gamme variée de liqueurs puis de punchs connus surtout pour la qualité de leur conditionnement. Depuis 2005, l’ancienne usine a été transformée en centre nautique doté de tous les aménagements permettant l’organisation de grandes compétitions officielles.

Villèle : l’empreinte d’une famille

La première concession, origine du domaine Desbassayns, avait été accordée en 1699 à Thérèse Mollet, veuve Duhal, la grand-mère maternelle de Henri-Paulin Panon-Desbassayns. Ratifiée en 1727, cette concession ne s’étendait pas, selon l’expression couramment utilisée, “du battant des lames au sommet des montagnes”. Les savanes, impropres à la culture, devaient en effet rester “communes” et servir de pâturages à tous les propriétaires des terrains attenants. Henri-Paulin, le premier des Panon-Desbassayns, n’a hérité que du quart de la concession Duhal, qui couvrait environ 275 hectares. L’une de ses constantes préoccupations sera de rassembler les parts des autres héritiers, pour reconstituer la propriété de son aïeule. Ce qui entraînera une forte augmentation du nombre d’esclaves. La veuve Duhal, décédée en 1753, laisse une moitié de sa concession à chacune de ses deux filles. La première, l’épouse d’André Rault, ayant eu six enfants, subdivisera sa part en autant de lots. Quant à Augustin Panon, l’époux de la deuxième fille Duhal, il n’aura à partager son terrain qu’entre deux de ses fils. L’un sera surnommé Panon du Hazier, ayant ajouté à son patronyme le nom de sa propriété de Sainte-Suzanne (peut-être parce qu’on y trouvait beaucoup de lièvres autrefois appelés hases. Hazier est un vieux mot français qui désignait un lieu boisé). Henri-Paulin, dernier fils d’Augustin Panon, devient Panon-Desbassayns pour l’état civil, probablement parce que son père possédait des terrains à Trois-Bassins. A suivre.

Le camp de Villèle en 1969

Après 1960, profitant du démantèlement du domaine, la commune de Saint-Paul réalise une intéressante opération foncière et sociale. Le 9 mars 1969, la mairie adresse une lettre au P.D.G de la Compagnie française de sucrerie, lui demandant de céder à la commune le lieu-dit “Camp de Villèle”, qui comptait de nombreuses habitations, afin de pouvoir y effectuer les travaux d’infrastructurs indispensables. Après un échange de courrier et la tenue d’une réunion en présence du sous-préfet et de tous les partenaires concernés, la CFS accepta de céder gratuitement les 34 hectares occupés par les 180 familles et de vendre “à un prix raisonnable” les terrains destinés à recevoir les équipements collectifs. Elle propose même de “ constituer une réserve foncière au bénéfice de la commune qui pourrait s’en rendre progressivement acquéreur “. Dès le début des années 1970, tous les habitants du “camp”, dont la plupart descendent des anciens esclaves et engagés du domaine, se voyaient ainsi offrir la possibilité de devenir propriétaires de la parcelle qu’ils occupent jusque-là à titre précaire. Ils n’avaient plus qu’à s’acquitter des seuls frais d’acte et d’enregistrement de leur acquisition. Aujourd’hui, le contraste est saisissant entre les cases en bois sous tôle, dont certaines rappellent les anciennes paillotes du lieu, et les villas modernes, aux murs de béton, qui ont fleuri au début des années 1980. Un véritable livre d’histoire sur l’habitat à la Réunion. Cette opération exemplaire constituait en quelque sorte une réponse locale à une question plus vaste, une demande ou une attente, qu’on ne formulait pas encore explicitement à l’époque : la réparation des injustices causées et des inégalités engendrées par l’esclavage. Une question délicate, complexe, voire taboue, qu’on pose aujourd’hui le plus souvent en termes de repentance, d’excuses, de pardon ou de discrimination positive, mais dont la pertinence et la légitimité continuent à faire débat !

Des fortunes bâties sur le café, le sucre et les esclaves

C’est ainsi qu’en 1788 Henri-Paulin Panon-Desbassayns a pu se faire construire une demeure digne de son rang et de sa fortune, laquelle était devenue l’une des plus grandes de l’île, du fait de l’essor du coton et du café, mais aussi depuis son mariage en 1770 avec la riche héritière Hombeline Gonneau-Montbrun. À l’époque, avec son vaste parc et ses imposantes colonnes, l’édifice d’architecture néoclassique pouvait s’apparenter, à un château. Aujourd’hui, il est aussi un témoin de la grande époque du café, avec sa toiture aménagée en terrasse pour le séchage des grains. L’épouse d’Henri-Paulin, devenue veuve en 1800, et désormais plus connue sous le nom de Mme Desbassayns, poursuit et renforce cette politique de concentration foncière et agrandit son domaine par l’achat de plusieurs autres terrains situés entre les ravines Saint-Gilles et l’Ermitage, ainsi que de tous les esclaves attachés à ces terres. Cet agrandissement du domaine est d’autant plus nécessaire que la canne, grosse consommatrice de main d’œuvre y remplace progressivement le café à partir de 1815 et que l’usine, construite dans les années 1820, a besoin d’une aire d’approvisionnement très étendue. En 1845, un an avant son décès, Mme Desbassayns possède à Saint-Gilles-les-Hauts une propriété d’un peu plus de 375 hectares. On y plante de la canne, bien sûr, mais beaucoup de maïs aussi, car il faut nourrir les 295 esclaves qui y travaillent et ont été regroupés dans le camp situé en contrebas de l’usine. C’est à partir et à l’emplacement de ce camp que sera créé le village de Villèle. Un grand nombre de leurs descendants y habitent toujours et les traces de ce passé esclavagiste se lisent encore, tant dans la morphologie et la structure de l’agglomération que dans le métissage et la mémoire de sa population. La plupart de ses rues et ruelles actuelles correspondent au tracé des nombreux chemins qui facilitaient la surveillance et le contrôle de l’ancien camp de travailleurs. Tous les édifices, sites ou vestiges qui formaient le cœur économique de l’ancien domaine Desbassayns peuvent donc être utilisés aujourd’hui comme de véritables documents pédagogiques pour une illustration ou une approche concrète de l’histoire de l’esclavage à la Réunion : la maison des maîtres où de nombreux esclaves étaient employés comme domestiques ; les ruines (en partie restaurées) de l’usine dont ils ont œuvré à la construction, au fonctionnement et à l’entretien ; le village qui a gardé certains aspects du camp où leurs cases leur servaient souvent de simples abris pour la nuit ; l’hôpital où on leur dispensait des soins pour une productivité optimale au travail ; la chapelle Pointue, d’architecture néogothique, construite en 1843 pour les évangéliser et où beaucoup d’entre eux se sont mariés et ont reçu un nom de famille.