Les années 1880 ont marqué la naissance du syndicalisme en Europe. En France, c'est la loi Waldeck-Rousseau de 1884 qui a autorisé la création de syndicats.
Le syndicalisme en France
Articles détaillés : Chronologie du syndicalisme en France et syndicalisme enseignant en France.
Le syndicalisme s'inscrit dans la lignée des groupements corporatifs (métiers, compagnonnage...) des sociétés modernes et médiévales. Ces groupements sont interdits par la loi Le Chapelier de 1791 et subissent une répression opiniâtre lors de la première révolution industrielle. Mais en 1864, la loi Ollivier abolit le délit de coalition et autorise de fait le droit de grève. Les syndicats ne sont cependant légalisés qu'en 1884 avec la loi Waldeck-Rousseau, qui comporte encore plusieurs restrictions. En particulier, le syndicalisme est toujours interdit dans la fonction publique.
Des syndicats patronaux se créent sur cet exemple. Dès lors, le syndicalisme tend à embrasser l'ensemble de la société du travail et affiche des objectifs politiques : la CGT est créée en 1895, au congrès de Limoges. Le syndicalisme français, dit d'action directe, est caractérisé par ses velléités révolutionnaires et d'indépendance vis-à-vis des partis politiques. Ces principes sont affirmés lors du congrès de la CGT d'Amiens en 1906 (charte d'Amiens).
Après la Grande Guerre, une partie du syndicalisme se rallie aux idées socialistes puis communistes, alors qu'une minorité s'oriente vers le réformisme. Ainsi la CFTC, de tradition chrétienne européenne, créée en 1919, apporte une réponse en contrepoids de la tradition marxiste.
Lors du Régime de Vichy la conception corporatiste de l'organisation du travail est mise en avant et divise le monde syndical. Un dirigeant de la CGT, René Belin devient ministre de la Production industrielle et du Travail du maréchal Pétain en juillet 1940. Dans les années 1940 est créée la CGC, syndicat sectoriel composé d'une multitude de syndicats professionnels locaux (d'ingénieurs essentiellement - mines, ponts, métallurgie, électricité...). La promulgation en 1941 de la charte du Travail organise la dissolution des organisations syndicales existantes et la création de syndicats uniques par corporation. La majeure partie des syndicalistes s'organisent alors clandestinement.
Les libertés syndicales sont rétablies par une loi du 27 juillet 1944 et les confédérations dissoutes sont recréées. En 1948, un courant sécessionniste de la CGT, réformiste et opposé à la domination du Parti communiste français sur la CGT, crée la CGT-FO. En 1964, la CFTC réunit un congrès extraordinaire. Il s’agit de faire entériner par les militants la proposition de la direction confédérale d’abandonner les références sociales chrétiennes et de changer le nom de leur organisation. Environ 75 % des délégués se prononcent en faveur de cette « évolution ». La CFTC devient donc CFDT (Confédération française démocratique du travail). Toutefois, une minorité de militants estimant qu’il s’agit plutôt d’une « rupture » décide de « maintenir » la CFTC. On parle souvent, à propos de la naissance de la CFDT, de « déconfessionnalisation de la CFTC[1] ».
En 1992, le mouvement « autonome », comportant principalement des syndicats qui, en 1947, avaient refusé de choisir entre la CGT et FO, s'organise dans l'UNSA.
Les grandes organisations sont confédérées par rassemblement de fédérations syndicales qui regroupent elles tous les syndicats d'une même profession, et d'unions interprofessionnelles locales qui regroupent tous les syndicats d'une ville, d'un département ou d'une région, souvent autour de la Bourse du travail. Il ne faut donc pas confondre syndicat (par exemple le syndicat des charpentiers de la Seine) et organisation syndicale (par exemple la CGT, ou la CFDT).
Si, aujourd'hui, les grandes organisations syndicales sont moins puissantes, les syndicats sont encore présents dans la réalité du travail, même s'ils ont perdu une grande partie de leur assise tertiaire depuis les années 1970.